Common nouns | A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z | Index Berger's Works
Proper nouns A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z| HOME DICCAN

Pierre Berger. 1987 (date to be checked)

Je crois à l'hypermonde

L'hypermonde, seule voie de salut

1. Introduction
un sens pour l'homme, mais il renvoie sur nous-mêmes
mon histoire personnelle, le Club
 
2. L'hypermonde, tel qu’en lui-même
2.1 Définitions
les technologies. du papier à l'électronique. hertzien, silicium
convergence
la métaphore du Nouveau-Monde. hyper: texte, média...
les autres concepts: cybermonde, cyberspace, réalité virtuelle, Gaïa, modernisme (post, hyper (ou à mettre en conclusion ? )/ les préfixes. Autoroutes de l'information
difficulté à voir l'ensemble: uniquement com/réseaux, ou informatique/process, les automates (vie artificielle, virus) Vs média, les contenants et pas les contenus. texte, images,mais aussi logiciels, systèmes experts, connaissances
tendance à masquer, à vouloir toujours retrouver la " transparence "
numérique et analogique
les sens et la machine
le retournement: le numérique et le logiciel sont au centre. dans mon histoire, le papier
pas totalement immatériel (C, minima quantiques)
 
2.2. L’aséité. L'hypermonde tel qu'en lui-même
réalité, problème épistémolgoique, débat autour du virtuel (Quéau). Néo-constructivisme.
la machine modèle épistémologique (Bacon)
la carte et le territoire: retournement épistémologique
durée, débats sur la persistance des supports. théorie logicielle, le mémorial
croissance, autonomie. La linéarité du temps. métriques . volets de la croissance. croissance brute, croissance dans les valeurs .
thermodynamique: distance, pression/température
intégration, des connaissances, avec les automates
les automates, la vie artificielle, l’IA
montée de l’hypermonde par référence à nous
2.3. Possibilités de modélisation
elle est normale du fait de la digitalisation
elle a beaucoup de limites
 
3.  L’hypermonde a besoin de nous
3.1. La fragilité, les pannes, l’an 2000
3.2. les limites quantitatives Heisenberg, Gödel
3.3. déceptions de l’IA et de la « vie artificielle »
un tagamushi  fragile, et pervers à l’occasion
il est vrai que nous nous gardons bien de le « libérer »
réductionnisme, absorption dans (Moravec, Myrhvod): peut-être, mais c’est loin devant
3.4. le développement, l’innovation. nature de la loi de Moore
 
 
4. . Nous avons besoin de l’hypermonde, en tous cas il est positif pour nous
4.1. Utilité de production matérielle. Bergson: le mysticisme a besoin de la machine
donner à manger à tous, libération des énergies
4.2. faire communiquer les hommes
intégration de nos valeurs
4.3. notre mémoire individuelle et collective
4.2. Attention aux dangers pour nous
les inquiétudes d'Ellul, Illich, Virilio
se développer ensemble
liberté, égalité, fraternité
ré-enchanter le monde.
une religion ? un clocher dans l'hypermonde ou l'hypermonde lui même, fondamentalement agnostique ?
le sens
l'hypermonde mesure de l'homme
4.2.  Contestation des autres valeurs
la nature, les mythes politiques
la religion.
les valeurs " énergétiques ". si tous les chinois. l'Espace, la formule 1.  De nouvelles pistes à Roissy
Perte d’intérêt des voyages matériels. Banalisation des objets matériels. Les espaces immatériels, habités ou non par d’autres êtres humains, deviennet beaucoup plus intéressants 
la domotique
 
5. Nous épanouir ensemble
Toute action valable fait croître à la fois le carbone et le silicium
la culture du jardin
responsabilité de l’homme (Gaia)
l'hyermonde va encore beaucoup grandir. Teihard. Leroi-Gourhan
les deux chimies
la poursuite de l'intégration. le versement progressif du patrimoine autant que possible
la réalité augmentée: médecine, patrimoine (Infobyte), le push et le pull
 
6. A titre personnel
6. 1. La consommation
dangers de l’abstraction
équilibre: le bio-break
le plaisir, le jeu, être bien le sexe et la vie familiale, l'enfant
la médecine, la mort
la contemplation: tout le monde devant la télé. La prière de quiétude Bossuet
dangers la folie Heavens Gate
6.2. La production
le travail: relation à la nature, relation à la matière,relation à nous-mêmes
les dangers de l 'abstraction
la création et le détournement. l'art, Forest. Picasso, Léger. débats actuels sur l'oeuvre
la musique
6.3. La communication, le patrimoine
Forest, Le Mémorial
6.4. Jeux de rôles
les rôles: cyberpunk, architectes, consommateurs, commerciaux/promoteurs
les jeux du cyberpunk
architectes, auteurs, créateurs (lister arts, voir pb730)
consommateurs
commerciaux/promoteurs
 
7. Au titre glogal de l’humanité Economie et politique
7.1. L’économie
l'économie n'y comprend rien car elle gère les relations entre les hommes, pas avec la technologie
économie du repli, nano-économie, retour aux services, le SEl
l'emploi, l'exclusion
7.2. La politique
le cyber-citoyen
les lois naturelles de concentration, écrasement de la chaine de valeur ajoutée, star system
la décision
politique de la planète
politique de la planète
sécurité. : dangers nés des autres hommes, dangers nés de soi-même, dangers nés des automates de l'hupermonde
Défense, police, justice
 
7.3. Les ONG
clubs, associations, religions, artistes
écologistes, défenses du consommateur, clubs sportifs
Se consacrer à l'hypermonde: avoir un ordinateur, développer, saisir des fonds, entretenir
mais aussi tout de même donner pour le carbone
interaction généralisée, mais attitudes différentes
humilité et attitude critique
contestation Forest de la com. quid sur la mémoire ?

1. Introduction

"Yahvé Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour le cultiver et le garder" (Genèse, III 15).
En deux mots:
L'hypermonde peut donner sens à la vie de l'homme, individuellement et collectivement. Pour nous en convaincre, il faut montrer trois points:
- L'hypermonde porte ses propres valeurs. D'abord il est bien réel. Et même autonome. Dans une certaine mesure, il tient " par lui-même ", il a sa dynamique propre, son propre sens. Il faut ici réfuter tous ceux qui n'y voient qu'une " réalité virtuelle ", une représentation, un fantasme, au mieux un canal de communication qui doit s'effacer une fois son rôle de médiation terminé, qui n'a de sens et de valeur qu'utilitaire.
- L'hypermonde est porteur de valeurs humaines. Leur réalisation même. Il contribue positivement au développement de l'humanité. Il faut ici répondre à tous ceux qui y voient essentiellement une menace pour l'humanité, qui craignent une " révolte des robots ", ou simplement la montée incontrôlée d'un " système technique " finalement destructeur.
- Il faut montrer concrètement comment nous pouvons orienter notre vie, construire notre personnalité et nos sociétés dans un développement " win win " de l'hypermonde et de l'humanité. La situation n'est pas statique. Ni les technologies de l'hypermonde, ni son contenu ne sont au terme de leur développement. Et l'humanité elle-même, y compris dans sa réalité corporelle et pysique étrangère à l'hypermonde, contiinue à progresser. Le sens de l'hypermonde, c'est le progrès de l'humanité sur ses deux versants. A la fois toujours plus autonomes et plus unis.
Dans un cas comme dans l'autre, on peut observer un " retournement " de la démarche et des valeurs. L'artiste par de son émotion, et débouche sur une oeuvre (à partir de laquelle réagit un public). Le spirituel purifie et libère son âme, et débouche sur l'obéissance à l'Esprit, ou les esprits. Il y a comme un oubli de soi-même.
Allons aujourd'hui plus loin. Tentons d'atteindre une sorte de sommet, en proposant l'hypermonde comme sens pour l'homme. Ici encore, nous pouvons observer un retournement. Pour satisfaire nos besoins économiques ou psychologiques, nous avons recours à l'électronique, nous installons des réseaux, multiplions les ordinateurs, faisons grossir les mémoires et les fonds d'archives et de documents. Et puis nous prenons conscience de la valeur de cette création. Et, comme elle prend un caractère englobant, récapitulant la création artistique et littéraire, les télécommunications et l'audiovisuel élaborés au cours des siècles, nous l'appelons hypermonde. Et l'hypermonde devient plus important en lui-même que les motivations qui onf fait lancer son élaboration. Comme l'oeuvre polarise la vie de l'artiste et lui donne sens.
Et, allons nous oser le dire, comme l'Esprit polarise la vie du spirituel ? Ici, il nous faut modérer nos ambitions. Ou les préciser. Car l'hypermonde, structure finie, ne peut se prétendre infini, transcendant, ni même tout à fait immatériel (malgré la formulation un peu trop schématique de notre manifeste).
Dans quelle mesure est-il légitime d'y chercher un sens à notre vie, c'est ce que nous allons explorer aujourd'hui. Je rappelle que cette démarche n'implique que son auteur, et non le Club dans son ensemble. Ici, d'ailleurs deux attitudes restent possibles. Pour les " croyants " ou les " religieux ", l'hypermonde, si global et si important soit-il, sera au mieux une cathédrale, ou un nouveau monde où construire des cathédrales. Comme l'a déjà fait Mgr Gaillot avec son diocèse de Parténia. Ou des mosquées, ou des panthéons. Pour les " athées ", l'hypermonde a son sens et peut donner sens par lui-même, et l'on n'a pas à rechercher " au delà ". Sans prendre ici parti, c'est tout de même essentiellement cette deuxième voie que j'explorerai aujourd'hui.
Je n'épuiserai pas le thème, mais ouvrirai quelques pistes majeures. Rappelons que nous avons déjà étudié le sens à un précédent séminaire d'été, il y a deux ans, sous le titre " ".

2. Qu'est-ce que l'hypermonde

3. L'hypermonde a un sens " en lui-même "

La réalité

Pour que l'hypermonde puisse légitimement donner un sens à la vie, il faut aussi qu'il soit réel. Nous avons souvent traité de cette question épistémologique. Et, à titre personnel, je plaide que, peu à peu, l'hypermonde devient plus réel que le monde traditionnel. Ou plus exactement, que le monde " classique ", " naturel ", accède à nouveau niveau de réalité grâce à l'hypermonde.
Cette question a donné lieu à bien des discours, appelés par l'expression même, assez malheureuse finalement, de " réalité virtuelle ". D'ou les ouvrages de Philippe Quéau et de Pierre Lévy. Elle ne mènent pas très loin. Car la réalité de l'hypermonde s'impose à nous. L'informatique, les télécommunications et les médias en général ne s'arrêtent plus de tourner quand nous éteignons nos petits écrans.
La carte n'est pas le territoire. Sans doute. Mais, à partir d'un certain développement des cartes et des représentations, elles deviennent plus intéressantes et d'une certaine façon plus " réelle " que le territoire lui-même. En tous cas dans la vie pratique. Car l'ensemble des représentations conserve non seulement l'état actuel du territoire matériel, mais nous en restitue le passé. Nous en donne beaucoup de perception qu'un simple regard " direct ".
Le média devient plus réel que son émetteur et son récepteur. Provocateur? Mais après tout, quand Saint Jean introduit son évangile en posant " Au commencement etait le Verbe ", ne dit-il pas la même chose ? Car, le verbe, n'est-ce pas la première expression formelle d'une médiation? Et les difficultés viennent, certes, quand que le formalisme s'inscrit dans la matière, quand le Verbe se fait Chair. Quand les idées pures s'offrent à nos yeux trop matériels sur le mur de la caverne. Par un retournement d'ailleurs logique, qu'Hegel mettrait en musique à sa manière, les spiritualistes contestent l'hypermonde et son immatérialité... au nom même des conceptions qui leur faisaient hier prôner la " mortification " de la chair.
De ce point de vue, on pourrait qualifier cette théorie de " techno-platonicienne " ou d' " hyper constructiviste ".
Ne disons surtout pas que l'hypermonde épuise la réalité. Que tout peut se numériser. Rien ne permet en tous cas de penser aujourd'hui que l'humain, que la vie même, puisse se transformer en prorgrammes d'ordinateur. Bien que quelques spécialistes le prédisent (Carnegie) ou même le souhaitent, comme Myrhwold, un de bons cerveaux de Microsoft, qui espère bien être devenu un logiciel au milieu du siècle prochain.
Mais affirmons sans complexe la consistance et la réalité de l'hypermonde. Et même une garantie de durée à long terme qui nous permet de faire, nous aussi, notre " pari de Pascal ".

Une garantie de durée

Nous nous consacrerons d'autant mieux à l'hypermonde que nous aurons confiance dans sa durée. Internet, au départ, est perçu comme le royaume de l'éphèmère. Les messages s'oublient aussitôt lus et détruits. Les pages Web naissent et meurent come les papillons. Bien des pages signalées par les moteurs de recherche n'existent déjà plus quand nous tentons d'y accéder. Et le "push" noie les permanence sous le flot de ses envois.
Mais, en sens inverse, l'hypermonde offre d'exceptionnelles garanties de durée. Nous y avons plusieurs fois réfléchi au Club, notamment sur le thème du Mémorial. Et le serveur que nous offre gentiment Servant Soft fait vivre le cycle rapide de nos réunions mais assure aussi la permanence de nos archives.
A l'heure du parchemin, les grandes bibiothèques de l'antiquité (Constantinople, Alexandrie) ont pu être détruites par des conquérants ou des autorités religieuses exclusives. Avec le livre de grande diffusion, Farenheit 451, ledictateura avait du mal. Avec le CD Rom, de forte capacité sur un petit support non métallique donc difficile à détecter... cela paraît pratiquement impossible.
Au fil des ans, l'hypermonde devient donc un support toujours plus sûr, toujours mieux garanti pour de très longues années, tant par la qualité des supports possibles que par leur multiplication numérique. Mais aussi par la mise en place d'organismes conservateurs.
Eternité ? Non, sans doutes. Mais, avec une probabilité de plus en plus énorme, noter oeuvre dans l'hypermonde durera "des générations et des générations". C'est déjà beaucoup.
Cela permet donc de ré-introduire cette "linéarité du temps", mise en cause par les post-modernes, mais relancée par l'optimisme américain. Voir le dernier numéro de Wired, intitulé "The long boom".

Une réalité orientée: la croissance

Prenons d'abord le sens de manière mathématique (. Dans un plan, une droite définit une direction. Sur cette droite, on peut choisir un sens. Orienter les vecteurs. Ou encore, sur un ensemble, on peut définir une relation d'ordre, donc un sens croissant et décroissant.
Le sens de l'hypermonde, c'est qu'il grandit. En capacité binaire, par exemple. Si nous considérons l'hypermonde comme l' "archipel des mémoires", ou comme la réunion de tous les sites connectés sur Internet... les chiffres croissent, et actuellement de manière exponentielle
Si nous étendons cette définition à l'ensemble des supports d'information, en particulier au papier, cette croissance peut s'observer sur plusieurs siècles. Plusieurs milénairs avec le parchemin, le papyrus, les tablettes et les monuments.
Plusieurs milliards d'années si nous considérons la montée de la vie comme montée en complexité de l'ADN. Et jusqu'au big bang si nous envisageons sous l'angle informationnel l'organisation progressive des atomes et des étoiles.
Actuellement, cette montée passe tout particulièrement par Internet, avec un engagement général, Etats-Unis en tête, pour mobiliser dans ce vaste espace une part croissante de toutes les ressources informationnelles disponibles.
Mais cette croissance " brute " ne suffit pas. Il faut montrer qu'elle va de pair avec des valeurs plus intéressantes qu'une simple accumulation de bits.

L'autonomie

" Ubi est intellectus, ibi est liberum arbitrium " (auteur scolastique)
Pour que l'hypermonde contribue positivement à notre développement individuel et collectif, il faut qu'il devienne autonome, dans une certaine mesure, par rapport à nous. Sinon, il serait de plus en plus lourd à diriger, nous y consacrerions toute notre énergie.
Il faut qu'il se conduise par lui-même. C'est le coeur de la réflexion "cybernétique". Le supplément d'âme demandé par Bergson ne doit pas concerner l'humanité, mais aussi son oeuvre.
Ainsi, à propos de l'hypermonde, je procède à un retournement de perspective analogue à celui de l'art: l'oeuvre prend le pas sur l'émotion, l'Esprit sur sur la recherche sprituelle.
Après bien des auteurs comme Simondon, et même Hegel si l'on transposait son concept d' " esprit ", Un a fortement marqué cette autonomie de l'hypermonde, qu'il appelle lui " Technique ". Il écrit par exemple " Tout se passe comme si le système technicien croissait par une force interne, intrinsèque et sans intervention décisive de l'homme. "
Techniquement, l'autonomie se traduit par une résistance toujours plus grande aux pannes. Certes nos ordinateurs continuent de nous " planter ". Ils sont attaqués par des virus et menacés par des contingences aussi superficielles qu'un changement de millénaire. Mais il faut mesurer le chemin parcouru, depuis les premiers calculateurs à lampe, où les techiciens circulaient en permanence entre les unités avec des paniers de tubes de rechange, jusqu'aux salles blanches des ordinateurs d'aujourd'hui, devenues d'ailleurs des salles noires, parce que la rareté des interventions matérielles rend superflu tout éclairage en temps ordinaire.
Elle s'exprime dans une certaine irréductibilité des machines à notre analyse. Elles " se concrétisent ", dit Simondon. Ou encore, dit Edgar Morin (dans La Méthode, sans doute) : " La machine est une totalité organisée non réductible à ses éléments constitutifs, lesquels ne sauraient être correctement décrits isolément à partir de leurs propriétés particulières ".
Elle se matérialise aussi par la montée des automatismes au sein de l'hypermonde. Oh certes pas les robos anthropoïdes chers aux auteurs de science fiction jusqu'aux années 1970 ou dans la série La Guerre des Etoiles. Mais des automatismes multiples et plus ou moins complexes, depuis les automates industriels qui pilotent les processus chimiques, électriques ou mécaniques et aux systèmes d'ordonnancement des grands sites informatiques.
Et ces automates deviennent de plus en plus " intelligents ". S'agit-il de la même intelligence que celle des humains. N'entrons pas dans ce débat, mais constatons que l'ordinateur joue toujours mieux à tous nos jeux de société. Qu'il désormais atteint le niveau des plus grands maîtres. Et que de larges possibilités de croissance lui restent ouvertes.
Il faudra finir par se demander s'il a en lui même des vertus morales. Le débat est sans doute prématuré. Mais des recherches sur le calcul " écologique " ou la modélisation du " dilemme du prisonnier " laissent penser qu'il affine peu à peu ses comportements. Il s'élève peu à peu, lui aussi, sur une sorte de pyramide de Maslow.

4. L'hypermonde a un sens pour nous

Le roi Saint Louis visitait un jour un chantier de construction. "Que fais-tu là", demande-t-il à un ouvrier qui semblait malheureux. "Comme votre majesté le voit, je taille des pierres.". Un autre, qui faisait le même travail, y mettait plus de sérénité. "Que fais-tu", demande le roi ? "Je gagne mon pain et celui de ma famille, sire". Plus loin, un troisième, faisait exactement le même travail, mais avait l'air d'y prendre grand plaisir. "Que fais-tu", demande le roi ? "Ah, sire, je construis une cathédrale".
Pour que la fonction humaine ait un sens, il est nécessaire que chaque homme employé à une tâche technique entoute la machine aussi bien par le haut que par le bas, la comprenne en quelque sorte, et s'occupe de ses éléments aussi bien que de son intégration dans l'ensemble fonctionnel. (Simondon)
Que l'hypermonde ait un sens, cela ne suffit pas à faire qu'il en ait un pour nous.
On observe aujourd'hui une même dispersion des attitudes face à l'ordinateur et plus généralement aux nouvelles technologies de l'information. Les uns se plaigent d'avior mal aux yeux, de s'ennuyer, d'être écrasés par la cavalcade des technologies et la surabondance d'informations. D'autres en prennent leur parti. D'autres enfin se passionnent pour elles.
Je considère que l'homme, globalement et individuellement, peut donc donner un sens à sa vie, en évaluant sa contribution à la montée de l'hypermonde. Que l'hypermonde a une " valeur ". Et même porte un ensemble de valeurs correspondant aux différents échelons de la pyramide de
Mais beaucoup contestent que l'hypermonde ait un sens pour l'homme, et pensent plutôt le contraire. Paul Virilio, par exemple. Et plus encore Ellul, qui oscille entre le franchement négatif ou une sorte d'indifférence de la technique par rapport à la morale : " .. l'homme de notre société n'a aucun point de référence intellectuel, moral, spirituel à partir de quoi il pouurrait juger et critiquer la technique... ".
Rappelons que le thème de la révolte des robots, ou de la prise du pouvoir par un dicateur humain appuyé sur un système technique omniprésent a insipiré un grand nombre d'auteurs de science fiction, comme Orwell ou, plus finement, Asimov.
D'autres auteurs au contraire insistent sur ses aspects positifs. C'est, aux Etats-Unis, la doctrine à la mode, avec Clinton et surtout Al Gore. Un récent numéro de Wired (juillet 1997) change longuement et joyeusement le " long boom ".

5. Opposants

l'abstraction
l'exclusion
" Le seul ordre qui ait du prix est celui qui n'est ni mécanique ni machinal. .. La France n'est ni une voûte, ni une machine, ni un troupeau. Elle est une nation d'hommes comprenant des millions d'âmes. Oui, des âmes! Ah le beau mot. Fonsegrive. " Cité par Robert Cornilleau, De Waldeck Rousseau à Poincaré, Spes 1927
MACHINE. Une des principales caractéristiques du nouvel état de choses c'est l'introduction de la machine, c'est la substitution de l'énergie mécanique à l'énergie humaine... l'ouvrier doit suivre son système, il est devenu un simple rouage du mécanisme. Kechelievitch 1/20
MACHINE. Ce n'est point le perfectionnement des machines qui est la vraie calamité, c'est le partage injuste que nous faisons de leur produit. Sismondi. Nouveaux principes d'économie politique. Paris 1819.
Il ne reste plus qu'à désirer que le Roi, demeuré tout seul en l'île, en tournant constamment une manivelle, fasse accomplir par des automates tout l'ouvrage de l'angleterre. Sismondi. Nouveaux principes d'économie politique. Paris 1819.

L'hypermonde, mesure de l'homme

Machina quae bis sex/Tam juste dividit horas/Justitiam servare monet/Legesque tueri
(Cette machine qui, deux soix six fois, divise les heures avec une telle justesse, nous apprend à servir la justice et à observer les lois. Inscription figurant à Paris, Tour de l'Horloge).
La valeur d'un individu, se mesure de plus en plus à sa capacité d'accéder à l'hypermonde. Qu'est-ce d'autre que de savoir lire et écrire ? Le maniement du clavier et de la souris sera bientôt beaucoup plus important que la capacité à manier la plume.
Mais, plus violemment encore, nous pouvons trouver sens à notre vie en " nous mesurant " à l'hypermonde. Nos enfants le font tous les jours avec les jeux, où ils sont fiers de battre leurs propres records et ceux de leurs camarades. D'accéder aux niveaux supérieurs des jeux d'aventure, là où les monstres sont les plus horribles et les armes les plus puissantes.
Avec le perfectionnement progressif des correcteurs orthographiques, rares deviennent ceux qui peuvent en remontrer à leur ordinateur! Et, dans les dernières versions de Word, la correction se fait au fil de l'écriture. Bien que, poliment, l'ordinateur nous indique seulement que le mot tapé lui est inconnu...
Ici encore, il y a danger, bien sûr. Et rappelons-nous que la loi Informatique et Libertés prend soin de préciser qu'un être humain ne peut être jugé par un système informatique. Ce qui n'empêche pas qu'un juge se fasse assister par un système expert juridique. Et que, si le programme est suffisamment performant et le juge paresseux cela revienne un jour un peu au même.

6. La réalisation de nos valeurs

le plaisir, être bien
créer dans l'hypermonde
l'art dans l'hypermonde, Forest
la politique
construire les infrastructures

Vers l'égalité

Pour donner moralement satisfaction, il faut que l'hypermonde soit accessible par le plus grande monde. Idéalement, par tous. Et pour deux raisons:
- D'une part pour ne pas perturber le bonheur de ses habitants par la culpabilité de faire des "exclus". De nos jours, tout le monde participe peu ou prou aux médias électroniques. Il faut aller dans des tribus bien reculées pour ne pas trouver de postes de radio, et même de télévision.
On peut reprocher au micro-ordinateur sa dificulté d'utilisation, qui en écarte les "vieux" (de corps ou d'esprit). Mais sur ce point, les progrès sont réguliers. Et il ne faut pas minimiser les difficultés de la culture traditionnelle.
Dans les cultures de simple mémorisation humaine, les limites étaient étroites, et peu pouvaient retenir beaucoup.
Dans les cultures du livre, l'alphabet occidental a permis à la plus grande partie de la population de lire, moyennant quelques mois d'apprentissate. Et à peu près autant à écrire, au moins des lettres courantes.
L'ordinateur est plus difficile sous certains aspects (compréhension au moins intuitive de ce qu'est une mémoire, le réseau). Mais beaucoup plus facile sous d'autres: il est plus facile de taper une lettre lisible au clavier que d'écrire lisiblement sur du papier. Par ailleurs, l'ordinateur, muni d'une périphérie appropriée, s'ouvre aux handicapés (sourds, aveugles, tétraplégiques)...
- D'autre part pour les créateurs eux-mêmes, qui recherchent en général le public le plus vaste possible. Même ceux qui cultivent l'ésotérisme ont intérêt à pouvoir choisir leurs "intimes" aussi largement que posible sur la planète.
Il est souhaitable aussi que tous puissent pariciper à la création, deviennent émetteurs. Ici, l'hypermonde aujourd'hui reste encore élitiste. Des milliards d'hommes n'ont jamais donné un coup de téléphone. Et quelques dizaines (centaines ? ) de millions seulement disposent d'un ordinateur, moins encore d'un ordinateur connecté sur le Net.
Faut-il souhaiter que l'hypermonde soit aussi égalitaire que possible? Non, sans doute, car cela n'est guère possible de toutes façons, et un accent excessif sur l'égalité aurait beaucoup d'inconvénients. Il faut poser la question autrement.
Dans le monde matériel traditionnel, l'économie associait assez étroitement la quantité des biens et donc la qualité de la vie avec les ressources financières. Dans l'hypermonde, les dispositions génétiques puis la somme des efforts consentis par les parents puis par l'individu lui même créent des différences de capacité à consommer comme à produire qui ne font que s'accroître avec l'âge.
Il faut viser plutôt :
- des minima pour tous,
- certaines formes de peréquation " culturelle ",
- des dispositions " anti-trust " ou " anti-fermeture " pour éviter des cercles trop fermés générateurs d'exclusions.
Pour le reste, aussi bien le marché que les stratifications plus ou moins naturelles de la vie sociale contribueront à creuser de larges écarts entre les personnes. Mais il est plus important de donner à chacun ses besoins qu'à chacun la même chose.

Le progrès dans l'autonomie comme dans l'unité

Les nouvelles machines sont souvent, avec les murailles, le suprême recours de la bravoure contre le nombre. Aristte,La politique. Cité par Schmuhl 1/10
En définitive, c'est nous qui décidons en dernier ressort ce qu'est ou n'est pas une machine. Ashby 1/51 1958
Il ne reste qu'une voie de salut: que l'ensemble du travail scientifique (work of understanding) soit repris à la base (afresh) et que dès le départ, on ne laisse pas la raison humaine (mind) suivre son cours, mais qu'elle soit guidée pas à pas, et que le travail soit fait comme par des machines. Francis Bacon. Le nouvel Organon. 1620.
Ce qui réside dans les machines, c'est de la réalité humaine, du geste humain fixé et cristallisé en structures qui fonctionnent (Simondon)
Plus l'hypermonde progresse, et plus il peut faire sens pour nous.
- Il englobe toujours plus de valeurs humaines. Au fil des années, nous lui transférons une part croissante de nos savoirs. Ce qui ne vas pas sans attirer la méfiance des philosophes ou des partenaires sociaux d'ailleurs. Mais qui en fait une source de plus en plus abondante d'information. L'arrivée des navigateurs et des moteurs de recherche sur le Web, au milieu des années 90, aura marqué dans cette évolution un saut quasiment quantique.
- Il nous offre des capacités d'action, d'intervention, toujours plus larges.
- Nous pouvons interagir avec lui avec une palette de communication sensorielle toujours pour large. Certes le casque de réalité virtuelle, qui a fait naître beaucoup d'espoirs vers 1992, ne s'est pas développé pour différentes raisons. Mais ce n'est que partie remise.
- Il se perfectionne en qualité, en esthétique, et devient de plus en plus " merveilleux ". A une époque qui nous demande de ré-enchanter le monde, l'hypermonde apporte de la beauté, des itinéraires surprenants qui donnent parfois de véritables émotions. Et nous sommes encore très loin
( suppression des redondances, cheminements, correction des erreurs, enrichissements esthétiques,...)
Il resterait à expliquer les raisons de cette croissance. Et pouquoi son sens est autonome par rapport à nous, puisqu'elle naît de nos efforts et de notre créativité... Liens avec l'économiqe de marché (mais exception: la ligue hanséatique)
Evaluer nos actions
Il faudrait que l'hypermonde nous donne un moyen d'évaluer nos actions. Les religions l'apportent. Négativement par une énumération de péchés. Positivement par une appréciation des progrès dans la vie spirituelle. Certes non quantitative, mais souvent marquée par des degrés de perfection.
Pour l'hypermonde, cette évaluatio peut se faire de deux manières:
- des mesures sur nous par l'hypermonde: aux échecs, partenaire de niveau x. Bref, une métrique de l'homme gérée et mise en oeuvre par l'hypermonde
- une mesure de notre contribution à l'hypermonde. Ici, une métrique de l'hypermonde lui même. A la limite, elle permettrait, à chacune de nos interventions, de mesurer le " delta " de progrès apporté à l'hypermonde. Il s'agit de prolonger ce qui se fait depuis toujours, et qui se grave dans la pierre " Marcel Berger, architecte DPLG ", etc.
Consacrer sa vie à ...

Le push et le pull

En fait, soyons peut-être un peu trop optimistes, la montée des autonomies de l'humanité et de l'ordinateur, du carbone et du silicium, vont de pair.
Nous pouvons en voir une figuration, ou une phase historique, dans la dialectique actuelle du push et du pull. (Voir notre article d'introduction au dossier du Monde Informatique).
En simplifiant un peu: à l'origine, il y a une simple messagerie. Un émetteur " pousse " un message vers un destinataire. Le système se perfectionne, et on peut envoyer un message à toute une série de destinataires. Au bout d'un moment, les destinataires sont écrasés par la marée. Et souhaitent plutôt qu'on mettre de l'information à leur disposition sur des serveurs, d'où ils la " tirent " à la demande.
Mais les serveurs se multiplient, et il devient pénible d'aller, tous les jours par exemple, à la pêche sur un grand nombre de serveurs potentiellement intéressants. Qu'à cela ne tienne, des serveurs spécialisés (Point Cast a été le pionnier) se chargent d'enregistrer nos thèmes d'intérêt, nos priorités, et nous " pousse " ensuite, au fil du temps (et en particulier toutes les fois que notre ordinateur se met en mode " économiseur ", un flot d'informations correspondant à nos désirs.
Le système se perfectionnera peu à peu. Emetteurs et récepteurs seront représentés dans l'hypermonde par des robots toujours plus perfectionnés poussant et tirant des flux d'informations toujours mieux adaptés. D'énormes machines à l'émission s'adresseront à des filtres de plus en plus sélectifs... Et je recevrai une information de plus en plus ... significative pour moi.

Réenchanter le monde

La manière la plus efficace, c'est de le faire par l'hypermonde. Et, à vrai dire, pour le meilleur et pour le pire, qu font d'autres les médias? Les conteurs d'histoire, le soir à la veillée, se sont fait rares!
Et l'explosion actuelle des nouvelles technologies, et d'Internet en particulier, nous donnes bien des occasions d'émerveillement. Qui, pour autant, ne remplaceront jamais les cris joyeux de la famille " lorsque l'enfant paraît ".

7. Les rôles

les jeux du cyberpunk
architectes, auteurs, créateurs (lister arts, voir pb730)
consommateurs
commerciaux/promoteurs
sécurité. : dangers nés des autres hommes, dangers nés de soi-même, dangers nés des automates de l'hupermonde
Défense, police, justice

Humilité et sens critique

Pour autant, ne demandons pas à l'hypermonde ce que nous apporte une croyance religieuse ou une métaphysique de l'absolu. Si grand soit-il. Même quand des milliards d'être humains et des dizaines de milliards de robots en tous genres enverront sur le wel des péta-octets de données toutes les heures... tout cela est fini.
Par rapport à la finitude, restent alors deux attitues épistémologiques et éthiques fondamentalement différentes. Les uns admettent cette finitude et décident d'en accepter les limites. A la limite, ils s'interdisent d'en sortir. Ils renoncent à l'infini. A un " sens ultime " du monde comme de leur vie.Ou prétendent le faire, car... est-ce vraiment possible ?
D'autres font le saut d'une foi. Qui peut trouver son aliment et son expression dans le monde et dans l'hypermonde, mais trouvent le contact avec un Esprit, un être supérieur transcendant.
Les deux attitudes sont compatibles avec la vie dans l'hypermonde. Comme, depuis toujours, ou du moins depuis que les hommes philosophent, théistes et agnostiques co-existent sur notre petite planète.
Ce qui n'empêche pas, aux uns comme aux autres, d'avoir besoin de contestataires d'emm... fondamentaux sinon professionnels, comme un Fred Forest, qui viennent de temps à autre secouer leurs habitudes mentales. Ou simplement, des réunions comme les nôtres...