Architecture technique du multimédia
Pierre Berger. Notes exploratoires, 11/1/2013
Actuellement il n'y a pas (ou je n'ai pas trouvé) de documentation sur ce sujet. Ce domaine est soit fragmenté (documentation technique de tel ou tel produit), soit affaire de pratique, soit (certainement) domaine confidentiel dans grandes structures de production.
1. Une architecture différente de celle des médias et arts traditionnels
- Rupture de la linéarité.
. Du fait de l'hypertextualité (liens d'un média à l'autre)
. De la multiplicité des canaux (zapping)
. De la multiplicité des matériels (écran du smartphone voire du PC regardés en parallèle avec celui de la télé)
- Dépassement du modèle d'affaires en "bimarché" des médias traditionnels (abonnements/publicité) car la rupture de la linéarité permet aux lecteurs de contourner les tunnels publicitaires.
- Prise en compte du spectateur/lecteur/consommateur à tous les niveaux. Dans la presse, le souci du lecteur est inculqué dès le départ aux journalistes. Dans les arts, au contraire, ce serait plutôt considéré comme une tare, sinon de la prostitution. En transmédia, les jeux de fragmentation/regroupements des publics doivent être d'emblée pris en compte. Au moins par la production, mais idéalement par les auteurs eux-mêmes, pour avoir du "transmédfia natif".
- Importance (y compris, voire surtout, économique et commerciale) des métadata, à tous les niveaux, dès la conception ("bible" d'une franchise"), pendant la production (données pour gérer les assets et le workflow, on prolonge en quelque sorte "la script" du cinéma traditionnel) et dans les phases de diffusion-interaction avec le public (retour en temps réel des résulats d'audience vers les animateurs pour orienter le déroulement d'une émission de télé).
2. Une architecture technique à trois niveaux
On peut distinguer trois niveaux de structures, chacun avec son vocabulaire, ses techniques et ses outils
spécifiques.
- structure : les médias au sens courant, avec leurs techniques d'écriture, de production et de distribution plus, dans le cas du transmédia, les métadata et les boucles communautaires ou de feed-back; une oeuvre (ou une franchise, car le terme "oeuvre" convient assez mal dans cet environnement) multimédia est un ensemble de médias en ce sens
- infrastructure : les matériels et logiciels utilisés, y compris les locaux et les réseaux de communication
- superstructure : les récits, avec les structures linéaires traditionnelles du livre, du film, du théatre, les structures plus complexes liées au multimédia : fragmentation, branchements, boucles. (A parte : la culture française (littéraire en tous cas) est ici plutôt un frein : à l'université, en "lettres classiques" on apprend à lire et à critique, mais surtout pas à écrire ; le contraire va de soi en milieu anglo-saxon ; cela ne fait peut-être pas des prix Goncourt, mais çela fait des best-sellers).
Exemple : les formats.
- structure, c'est la charte graphique et la périodicitité du journal, les horaires d'une émission, ou les dimensions standard d'un clip publicitaire, d'un court ou long métrage, d'une chanson
- infrastructure : format des films, des livres, des disques, protocoles de télécommunications
- superstructure : un format est un schéma général d'émission, définissant notamment son type de contenu. Si le format devient réalité, ce sera une franchise (à vérifier).
3. Le rôle croissant des automates à tous les niveaux
- Structure : CMS, Workflow. Réglages et filtrages automatiques.
- Infrastructure : serveurs
- Superstructures : PNJ, generative story telling
4. Recenser les composantes, identifier les "bonnes pratiques"
Ici aussi, il y a des niveaux, plus ou moins nettement différenciés.
- A la base, les éléments, le vocabulaire et les assemblages de chaque média et de leur combinaison. Le catalogue des produits disponibles et leur mode d'emploi élémentaire. Ce qu'on "peut" faire.
- Plus haut, les règles de bons assemblages. La grammaire et l'orthographe. Ce qu'on "a le droit" de faire, et surtout de ne pas faire.
-Vers le sommet, les règles et l'enseignemnet des maîtres pour faire de belles choses, si possible des chefs d'oeuvre. Les bons exemples, les master classes. Ce qu'il faut viser, et les risques à prendre.