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Au coeur du procédural avec H. Cohen

Harold Cohen. Le père des algoristes

Nul n'est allé plus loin qu'Harold Cohen dans l'exploration des limites du procédural en peinture. Nul non plus, parmi les algoristes (artistes utilisant leurs propres algorithmes) n'a autant expliqué ses objectifs, ses trouvailles, parfois même ses déceptions. Après 40 ans de développement, son programme Aaron est maintenant accessible à tous sur le web. Une jeunesse qui sera fêtée en août prochain à San Diego, à l'occasion du Siggraph.

Avec un étonnement, presque un émerveillement récurrent : la programmation d'une idée simple donne des résultats qui dépassent l'attent du programmeur

Deux exemples en font foi. Première idée : dessiner en faisant le tour d'une forme de base, d'un noyau. L'idée lui est venue en observant un de ses enfants, au moment où l'objet émerge du gribouillage, où l'enfant trace un contour pour délimiter une entité graphique.

Deuxième idée, les gammes de couleur. Idée relativement tardive dans le développement d'Aaron : pendant des années, l'ordinateur dessinaut, et l'humain, en quelque sorte, coloriait, à partir de ses propres idées sur la couleur.  Est venu un moment

Difficile aussi d'aller plus loin que lui dans la profondeur progammatique, puisque qu'il travaille en Lisp, langage aux fondements binaires particulièrement enfoncés dans le code. 

Comment l'ordinatuer peut choisir les couleurs sans les voir  ? Et pourtant, Aaron n'est pas "inconscient" de ce qu'il produit. Chaque phase s'appuie sur les précédentes.

Pourtant, il n'arrive pas au bout de son projet. Et il se moque de ce qui restera de son million et quelque de lignes de programme                    

Mais au fait, qui est Harold Cohen ? Un jeune informaticien séduit par les applications graphiques ? C'est tout le contraire. Né en 1928, il se fait d'abord un nom comme peintre au sens classique. C'est-à-dire, vu l'époque, à la manière d'un Rothko, par exemple. Plusieurs de ses oeuvres figurent déjà dans des musées quand, en 1967,  il découvre l'ordinateur et la programmation. Tournant le dos à son passé, il se consacre alors au développement de son programme Aaron. Une longue histoire, racontée dans le livre Aaron'sCode (Pamela McCorduck, Freeman, New York, 1991). Mais Cohen n'aime pas trop s'attarder sur ce long passé. C'est toujours avec la même passion qu'il programme encore aujourd'hui.  Il a récemment écrit une version plus rapide d'Aaron que tout un chacun peut faire tourner sur le web ////, il fait des tournées de conférences en Europe.

En fait, ce genre de travail était tombé dans l'indifférence à la fin du XXe siècle. Paul Faure-Walker, par exemple, note ////////.  La renommé d'Aaron suit sensiblement l'audience de l'intelligence artificielle en général, avec un petit décalage.  Celle-ci a commencé avant lui, avec les espoirs quelque peu déraisonnables des années 1960 dans la foulée de Turing et de la cybernétique. Il retrouve un nouvel élan en 2001, avec le soutien de Ray Kurzweil, l'entrepreneur passionné de la spécialité.

Il revient dans l'air du temps. Au SIGGRAPH 2006, une exposition rétrospective était consacrée à l'oeuvre de ///Csuri. Et la France se place activement dans cette nouvelle avant-garde, avec la création de l'association Les Algoristes (http://www.les-algoristes.over-blog.com/), qui projette une rencontre spécialisée cet été à San Diego... avec Harold Cohen en vedette, bien entendu.

Comme nombre d'algoristes, Cohen tente d'éclairer le problème de l'émergence. Autrement dit, un programme peut-il être "créatif". Tout en évitant le mot (il préfère parler de "comportement X"), il considère que quatre éléments doivent être présents : émergence (de quelque chose de nouveau", perception (awareness) de cette émergence, capacité à prendre en compte les implications de cette émergence et, enfin, connaissances;  C'est l'awareness qui lui semble poser problème. Même si l'ordinateur fait preuve de créativité, ce n'est pas à la manière d'un humain, car les structures de notre inconscient sont différentes des structures de programme d'une machine.

Il applique  ces réflexion à la couleur. C'est un des points qu'il a traité en profondeur pour Aaroon, alors qu'au départ, le programme se contentait de dessiner et que la couleur était ensuite ajoutée à la main par l'auteur. Or, les résultats obtenus par le programme lui paraissent d'une qualité suffisante pour le qualifier d' "expert". Et pourtant, l'ordinateur ne "voit pas" ce qu'il fait (ithas no visual feedback). Comment Cohen y est-il parvenu ?

D'abord en s'appuyant sur ses compétences d'artiste (et sur son expérience de professeur). Elle lui donne un point de départ : en matière de couleur, il faut d'abord prendre en compte la luminosité (ou "valeur", par rapport aux deux autres caractéristiques de base, la saturation et le ton (hue)). Il l'explique par la configuration de la rétine, où la différenciation des luminosités joue un rôle prépondérant.

A partir de là peuvent se construire  des "accords" (au sens musical) de couleur par des méthodes aussi simples qu'une répartition régulière des tons autour du cercle des couleurs.

Puis le jeu s'affine, notamment par une étude comparée de la production de couleur sur écran (additive) ou sur papier (soustractive). Et Cohen débouche sur une technologie des couleurs "suffisamment complexe pour garantir une émergence", notamment parce que le nombre des options devient trop grand pour le programme, et le programmeur lui-même puisse prédire exactement le résultat.     

Notes :
- Comme beaucoup d'artistes, il travaille seul, ne fait pas de référence à d'autres chercheurs, ses articles ne comportent pas de bibliographie.  
- Intéressé aussi par les aspects matériels.Il sait qu'il reste beaucoup à faire.
- Une machine pourrait voir.
- Type de dessin toujours le même.