Poetry
Au hasard des bouquinistes, nous sommes tombés sur La mêlée symboliste, d'Ernest Raynau. Trois petits volumes parus successivement en 1918, 1920, 1922 (éditeur : La Renaissance du Livre... on rêve). Ils montrent la vivacité et l''importance de la poésie au tournant des deux derniers siècles. Et, par contraste, son étourdissant silence dans le monde d'aujourd'hui, a fortiori dans le monde des arts numériques. On en trouvera confirmation dans la substantielle synthèse de Philippe Bootz et dans le chapitre que nous y consacrons dans notre livre L'art génératif.
Ce n'est pas un problème technique, et les prouesses de Jean-Pierre Balpe l'ont bien prouvé. C'est une perte de contact avec le réel, avec le public. Les seuls poètes aujourd'hui sont les chanteurs ! Piaf, Brasssens, Brel, Renaud... mais ceux-là commencent à ne plus être des contemporains. Alors, les rappeurs ?
La poésie suit un peu le même parcours que la musique : à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe, elle a voulu dépasser les cadres traditionnels, et sans doute un peu usés, de leurs règles de base : musique tonale, poésie rimée et soumise à une forte métrique. Avec d'intéressants résultats intellectuels, mais une large coupure avec le bon peuple. Et c'est sans doute ce même bon peuple, ""les crocheteurs du Port-au-foin"" chers à Malherbe, qui peuvent redonner vie à la poésie comme à la musique. Et les taggeurs pour les arts graphiques ?
En tous cas, du point de vue technique, de nouvelles idées ces derniers temps, par exemple le site Rita, que nous signale Alain Lioret. Espérons un nouveau printemps, c'est la saison !"