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Concepts et degrés de l’art génératif.

Nous résumons ici 40 pages de l'ouvrage.


Définition : L’art génératif se caractérise essentiellement par une attitude de l’artiste : il entend transférer à ses œuvres tout ou partie de sa capacité génératrice d’émotions et à la limite, sa créativité même.

Note. Fragmentation/Synthesi
Chemistry is a powerful example and forerunner.
See (among many one, but these 1950's books give a good feeling of it :
< Les méthodes semi-micro dans l'analyse organo-quantitative. by R. Belcher and A.L. Gobert. Dunod 1951. It shows how do measure the proportions of different atomic components (atoms and functional groups).
< Les produits de la synthèse organique. by Jacques Lenoir. Presses Documentaires, Paris 1951. It shows the diversity of applications : pigments, perfumes, medicaments, plastics, explosives, photographic products, solvants, plastifiers, fuels, tannins, auxiliary products for fabrics and rubbers, anti-paratisic fight

Ce transfert se situe sur une série de degrés :  

L’artiste conforme sa performance à un modèle.

L’artiste se farde, se déguise, se perce, se tatoue. Il organise ses gestes, sa voix, dans des normes, des codes, des langages. Il transfère ainsi sa créativité « naturelle » à des « artifices ».  Mais il reste le centre et l’essentiel de l’œuvre.

L’artiste donne forme à une matière qui lui est extérieure

 C’est la base des « beaux arts » au sens le plus classique. L’artiste marque la paroi de sa main trempée dans la boue. Il modèle la glaise, sculpte le marbre, fond le bronze.  L’oeuvre devient un objet autonome dans l’espace et dans le temps, et plus formellement dans l’espace génératif propre à chaque forme d’art.

L’artiste prolonge son corps par des outils, et l’outil devient machine

 On peint avec un chalumeau (paléolithique, Vinci, aérographe) ou un pinceau. On coupe, grave et taille avec le silex, puis le métal. Mais aussi, on frappe le gong, frotte la corde, sonne la trompe. C’est peut-être un point de détail, mais caractéristique de la démarche de transfert inhérente à l’art génératif.  

L’artiste inclut la machine dans l’oeuvre

La machine est une forme d’œuvre d’art, mais n’entre pas de soi dans le monde des « beaux arts ». Elle est œuvre d’ingénieur, pas d’artiste, même si les deux professions ne se distinguent pas toujours. L’autonomie apportée par une énergie extérieure est mise au service de complexités qui n’étaient pas à la portée des outils. Ces énergies permettent la communication entre machine et donc entre oeuvres d'art.

L’artiste transfère à l’oeuvre ses capacités de perception

L’oeuvre se dote de capteusr.  Jusque là, l’œuvre même automatisée, ne peut que répéter le discours de son auteur. Si elle reçoit de manière autonome des informations sur le monde extérieur, c’est pour les intégrer à son propre discours, et celui de l’artiste n’est plus, à la limite,  qu’un « méta discours » définissant comment l’œuvre parle de ce qu’elle perçoit.

L’artiste transfère son "intelligence"

Sans nécessairement entrer dans les débats sur les limites de l'intelligence artificielle, ’artiste génératif, lui,  ne dit pas "L’ordinateur n’est qu’un outil ».  Il en attend l’émergence de beautès nouvelles. 

L’artiste transfère sa capacité de jugement esthétique

Des algorithmes de jugement esthétique ? Cela semble d’autant plus choquant en pleine « crise de la critique ». Dans le même temps, leur nécessité s’impose aussi du fait que la production automatique d’ « œuvres d’art » dépasse de plus en plus largement la capacité d’absorption du public (voir les approches du projet Capture). Il est donc indispensable au minimum de faire un tri dans cette production, et si possible de viser une forme d’optimisation.

L’artiste transfère sa capacité d’autoreproduction.

l’idée et la faisabilité de machines auto-reproductrices est formulée dès Von Neumann. Les virus informatiques, quelque quarante ans plus tard, n’ont que trop montré qu’il ne s’agit pas d’une « expérience mentale » ! Ces processus reproductifs sont le thème central des travaux sur la « vie artificielle » et les œuvres artistiques qui en découlent.

Vers le transfert total : robots humanoïdes,  « designer babies »… et même plus?

A la limite, l’artiste transfère à son œuvre la totalité de lui-même, ou d’un autre lui-même correspondant à son idéal esthétique. Il lui donne et le corps et l’âme. C’est le mythe antique de Pygmalion, le problème très actuel du clonage et du « designer baby ».

Est-ce possible ? Ce n’est pas sûr du tout. Est-il moral même de l’essayer ? Nous touchons aux fondements radicaux de la morale et de la religion. L’art génératif n’est-il pas une voie d’exploration, relativement anodine, de ces sommets périlleux. Mais est-il moral, est-il rationnel, est-il « humain » de laisser au hasard des pulsions psychologiques et des cross-over intra-utérins le soin de déterminer ce que sont nos enfants ?

L'homme est-il le stade utlime de l'évolution. Pour les humanistes, il n’y a rien sur terre de supérieur à l’homme. Pour les post-humanistes, l’humanité n’est qu’un stade particulier d’une évolution plus large, qui a commencé bien avant elle, et n’a aucune raison de finir avec elle.

C’est dans cette dernière perspective que l’artiste génératif se situe le plus naturellement… s’il a l’âme philosophique, ce qui n’est pas le cas de tous les artistes. Son rôle, alors, c’est de contribuer à l’exploration de ces nouveaux espaces, de ces nouvelles formes de vie, d’agir pour que nos descendants soient partie prenante, constructive et joyeuse de la mutation en cours.