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The Lotus ... but a still image cannot render the feel of this deeply generative work.

The happy few who listened to Hugo Verlinde, yersterady night in the basement of Galerie Chalot wont forget it. In this generative art spring, which blossoms here, in Art Paris and PAD and at Lelia Mordoch's gallery as well as in Laval Virtual, a flower was borne.

Aroud the Lotus, shown for the first time, were taking part Pierre Hénon, president of Paris ACM Siggraph, Judith Guez, president of Les Algoristes, Christa Sommerer, the austrian generative artist, in visit from Vienna, and of course Valerie Hasson-Benillouche, the gallerist.

This work marks a new milestone in the search of Spirit and Matter mating that Verlinde started in the 80's on his graphic pocket calculator. Here, the PC power generates in real time an indefinitely changing move of blue and white patterns, projected on a ceramic white and partly transparent sculpture specially designed along with the program. We let you the pleasure of discovering the technical mounting in the Gallery and other shows in the future.

The artistic discourse also has reached new heights, in part due to the seminar he leads at IEP (Institut d'Etutdes Politiques, "Sciences Po" in short) about digital art in the public space. Two points are now well sharpened : the reverence of the generative artist for the life he/she is creating, and the complementarity of generative art and cinema.

As for life, Verlinde makes repeated reference to Antoine Schmitt and his major motto that a work is achieved when the programmer thinks he would kill its life if he interferred again in its code. As well as Schmitt (and earlier than him), Verlinde projects his images on material stuff. Technically, this gives density and substance to the otherwise rather dry pixels (Schmitt) or transcendental curves (Verlinde). Philosophically, it unites matter and spirit. Verlinde heralds a radically platonic vision of mahematical structures as perenniel entities, bringing form to matter and then stirring its life. The Lotus expresss strongly this view. And, with the choice of a flower so long linked to oriental philosophy, it touches into the universal unity that is common to the mystics of Orient and Occident.

But, may we add, is always dirty somewhere. This also is shown here. Do not stick your eye on the center of the flower. Here, as for the mud whence the lotus blossoms, stays a small untidy spot. Somehow like in Courbet's Origin of the world. But through this dark hole springs the seminal beams that give light to the ceramic petals and their flush black environment.

As for generative Vs. cinema, Verlinde's trips from the one to the other are also an illustration of his platonic philosophy. He started with cinema, inspired by the lengthy generation of curves in his initial calculator. Like all anmation artists of the 80's and 90's, he had to spend hours of computation for each minute of film. And, anyway, he was dissatisfied by the worldly evanescence of an eternal idea translated into film. Then the computer specialist of the Cube (Isssy-les-Moulineaux) opened for him the road to real time, and from there to generative art. Here, ideas are freed from time structures and can express their autonomous life and interact with the world and with the audience. A reverse trip to film remains attractive, but now only as one among many lines of creation.

 

Further references :
- Art Paris and PAD :
- Lelia Mordoch :
- Laval Virtual :
- Generative art :

Le blog-notes

Rencontres " Culture numérique" 2012

Rectificatif : la rencontre se tiendra le 15 juin à la Cité des Sciences. Cette nouvelle date va notamment permettre aux participants intéressés, notamment des régions, de faire d'une pierre plusieurs coups (numériques franciliens), car la rencontre aura lieu au moment de Bains numériques à Enghien les Bains (dont les journées professionnelles auront lieu les 13 et 14 juin et la fin de la programmation artistique, notamment le 15 en soirée et le 16 en journée et soirée) : www.bainsnumeriques.fr et Futur en Seine (dont le temps fort, avec le village des innovations, aura lieu au 104 du 14 au 17 juin) : www.futur-en-seine.fr

La première rencontre "Culture numérique" qu'organise cette année Jean-Christophe Théobalt aura lieu le 21 juin 2012à la Gaité lyrique à Paris sur le thème de la création artistique numérique, avec comme entrées principales
les problématiques de production, de diffusion et de médiation des oeuvres. Elle permettra aux participant de découvrir l'exposition d'été de la Gaité consacrée aux jeux vidéo, qui sera inaugurée le 20 juin (gaite-lyrique.net).Elle se déroulera au moment Futur en Seine, du 14 au 24 juin.

La mise en ligne du programme de la rencontre et l'ouverture des inscriptions auront lieu au cours de la première quinzaine de mai sur le site rencontres-numeriques.org/

La seconde rencontre de l'année se déroulera à l'automne sur le thème de la médiation et du numérique dans les équipements culturels, suite au succès de la rencontre de l'an dernier

 

Les arts numériques ont besoin des sciences humaines. Ce numéro de SH confirment qu'eles s'y intéressent...

Pop et numérique dans un grand dossier de "SH"

"La manette et la souris à l'assaut de la culture", titre un sous-dossier de SH (Sciences humaines, mars-avril-mai 2012). Au sommaire :
- les jeux vidéo racontés par un philosophe
- des jeux à profusion
- transmédia, la grande convergence
- un film dont vous êtes le héros
- vers une fiction totale.
Le dossier est introduit par un éditorial de Xavier de la Vega, qui conclut ainsi "Par le biais d'Internet et des réseaus sociaux, Web-documentaires et Web-fictions, jeux de réalité augmentée se greffent aujourd'hui aux récits traditionnels du cinéma et de la télévision et donnent naissance à des expériences "transmédias". Les histoires débordent des salles obscures et des écrans cathodiques pour le prolonger sur les moniteurs des ordinateurs et des smartphones. Une révolution est encours. Nul ne sait précisément où elle conduira".

Nous sommes bien d'accord, on s'en doute. Le dossier a quand même une forte limite : c'est un recueil de faits et une description générale, mais pas une véritable contribution scientifique à la compréhension de cette (ces) cultures. On est aux antipodes d'un colloque comme Poétiques du numérique 3 (Voir le communiqué) qui évoque plus les débats scolastiques médiévaux que les enquètes sur le terrain. Saints Ockam et Bacon, priez pour nous ! Messieurs et mesdames les spécialistes des SH, s'il vous plaît, acordez vos violons et apportez-nous vraiment des analyses scientifiques et humaines concrètes et profondes à la fois. Les arts numériques en ont vraiment besoin.

Humain, d'Atlan et Droit : quel rôle pour les artistes numériques ?

Le thème du transhumanisme est à la mode. On retrouve un peu l'ambiance et la créativité littéraire des années 1950-1960, dominée par le "Moi Robot" d'Isaac Asimov et nombre d'ouvrages, dont un des plus audacieux et des plus oubliés est le Robots and changelings de Lester del Rey (Ballantine Books, 1957).

et la "singularité" annoncée notamment par Ray Kurzweil intéresse. Monique Atlan et Roger-Pol Droit, écrivains et journalistes, y ont consacré un ouvrage de 559 pages : Humain, une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies (Flammarion, 2012). Dans ce but, ils ont rencontré plusieurs dizaines des personalités compétentes dans ce domaine. 559 pages d'enquête, méthodique et un rien sceptique comme il convient à des journalistes qui ne s'en laissent pas compter. Un bon état de l'art actuel et de ses références historiques.

Solide, bien écrit. Juste un manque : l'art, les artistes, et leur responsabilité dans ces "révolutions".

Nous rejoignons une de leurs conclusions : "Nous sommes passés, pratiquement sans le savoir, d'une représentation de l'homme à une représentation de l'humain". Nous avions nous même fait ce choix pour notre livre "L'informatique libère l'humain" (L'Harmattan 1999, et texte intégral en ligne sur ce site). D'accord aussi sur leur double mise en garde "Envers sciences et techniques aujourd'hui, la confiance aveugle est une erreur. La défiance systématique en est une autre. Seule l'idée d'une responsabilité constament réendossée s'avère utile".

Mais qu'est-ce que l'humain, qu'a-t-il en propre ? Pour les auteurs "Parmi ces spécificités, figturent le langage, la capacité d'imaginer ce qui est abhsent, la faculté de se déprendre de l'immédiat... un certain rapport à l'infini". Le langage ? Les ordinateurs échangent tous les jours des données, dans des langages, et ils "comprennent" les langages de programmation. Ils sont meme capables de créer des langages, comme l'a montré Frédéric Kaplan. Quant à la notion d'infini, elle est incluse dans le concept même de récursion (ou, plus clairement encore, dans la définition de la machine de Turing) essentiel à toute l'informatique. Resterait alors une autre spécificité, avancée un peu plus haut (page 521) : "Si un propre de l'homme existe, il revient à construire des histoires". Nos auteurs n'ont-ils pas entendu parler du story-telling ? Lui aussi peut s'automatiser, même si les résultats actuels sont encore assez limités.

Mais ce point de la critique révèle un point faible de l'ouvrage : parmi les multiples experts rencontrés, aucun artiste ne figure. Cela n'aurait peut-être pas beaucoup modifié le résultat: la plupat des artistes, même numériques, voire génératifs, restent très attachés à l'auteur et à son caractère irremplaçable, et l'ordinateur n'est qu'un outil. Pour nous (voir notre site Art Génératif ) l'artiste génératif transfère à son oeuvre une part de sa capacité créatrice. La création d'une histoire n'en est qu'un cas particulier, celui du texte.

Nous pensons que rien n'est l'apanage exclusif de l'homme ni de l'humain. L'homme est la pointe avancée de l'évolution, de la montée de la complexité et de la liberté. Mais les machines qu'il fabrique progressent exponentiellement en performances. Elles réduisent donc peu à peu les domaines de la supériorité humaine . L'horizon 2030-2050 avancé par les trans-humanistes pour une "singularité" est raisonnable. C'est bien proche ! Il ne suffit donc pas, comme Atlan et Droit le disent, d' "une attention toujours en éveil". Il faut faire le possible pour prévoir les modalités de la transition, et prendre au plus tôt les mesures qui pourraient préserver les valeurs de l'humanité.

C'est là que les arts numériques, et génératifs plus spécialement, ont un rôle à jouer. Comme la science, avec laquelle ils sont en dialogue constant, ils sont un moyen d'investigation et donc de prévision. Mais les scientifiques, en tant que tels, n'ont à chercher que le vrai, pas "les valeurs". Ce n'est pas non plus aux artistes n'ont pas à définir les valeurs morales et moins encore de faire les choix économiques et politiques. Ils peuvent s'engager au service de telle ou telle cause (écologie, justice, paix). Mais c'est toujours au risque de sacrifier l'essentiel de l'art : la recherche du beau (tant pis si le mot n'est plus à la mode). C'est en mettant au service de leur création tout ce qu'apporte le progrès technique, et en particulier ce que [Johnston] appelle la "machinic life", qu'ils peuvent contribuer à préparer les formidables échéances de ce siècle.

Pierre Berger
Un autre point de vue sur l'ouvrage: Le fil des pages (Serge Champeau). Le site de Roger-Pol Droit. La page de Monique Atlan sur France 2.
Sur un thème proche, vient de paraître: Debates in the Digital Humanities, par Matthew Gold (ed.). University of Minnesota Press, 2012.
Voir : robot,

Papier contre Web : vers une inversion de flux ?

De plus en plus de livres d'occasion, voire bradés ou laissés pour rien. Ici "Le bouquiniste au tabouret", photo primée par l'AACCEA de Saclay.

La menace digitale pour le papier

On peut bien se rassurer en expliquant les charmes du livre, le caractère irremplaçable de la relation main-papier. On peut vanter ses mérites en riant (reprenant une histoire qui courait les milieux informatiques des années 1960) ... les jours du livre et de la presse papier semblent tout de même de plus en plus comptés. Une des grosses supériorités du livre, la qualité de son contrastes noir/blanc pour le texte ou la beauté de ses images est maintenant vraimen battue en brêche, sinon dépassée par les tablettes (alors que les "liseuses" sont encore plutôt grisounettes).

D'un autre côté, les logements sont de plus en plus petits et de plus en plus rares les gens qui peuent consacrer de grands espaces à une bibliothèque.

Le processus même de diffusion de pensée par le papier donne souvent une impression d'immense gâchis. Gâchis écologique de la consommation de papier, dont même le recyclage n'est pas sans coût. Mais plus encore gâchis d'efforts rédactionnels. Nombre de textes et d'images de valeur paraissent dans des revues à diffusion limitée, et ne peuvent donc atteindre qu'une faible partie du public qu'ils pourraient intéresser. Nous pensons par exemple au volet "cultures numériques" de numéro de Sciences Humaines (mars-avril-mai 2012), et que nous n'avons découvert qu'au hasard d'un passage dans les rayons d'une Maison de la presse.

Les libraires se plaignent, pour le neuf comme pour les "bouquinistes". On trouve de plus en plus de livres soldés à un ou deux euros (chapine Book Off) par exemple, et même, à l'occasion d'une rencontre ou d'un forum local, un espace où chacun peut amener ses livres sans rémunération et emporter ceux qu'il veut. Des brasseries comme le Père Tranquille (sur le forum des halles) laissent des rayonnages entiers de livres à la disposition des consommateurs, dont une partie au moins doit en emporter quelques uns.

La publication sur papier par un éditeur connu ou une revue de haut niveau apporte la garantie d'une relecture, parfois sévère, par un comité de rédaction. Ici, une partie du comité de la revue TSI, vers 1982.

Globalement, le livre découle d'un processus long, contraignant et coûteux. Auteurs et lecteurs sont donc de plus en plus conduits à le court-circuiter. Pour autant, nous sommes nous-mêmes en train de publier un livre sur l'art génératif, et les achats chez les libraires comme chez les bouquinistes est presque une dépendance compulsive. Pourquoi ? Pour deux raisons, qui devraient disparaître à terme, mais resteront valables encore quelques années :

- le fait qu'un éditeur ait pris le risque financier d'éditer un livre est une sorte de garantie d'intérêt et de qualité ; ce point est important pour tout auteur qui aime naturellement à dilater son ego ; et a fortiori pour les universitaires, qui sont en bonne partie notés sur leurs publications ; de plus, il est plus facile et plus sûr, dans une bibliographie, de citer un livre qu'une page web;

- dans quelques années, tous les livres auront probablement été numérisés et seront accessibles en ligne ; d'ici là, une visite aux libraires et aux bouquinistes est une forme de chasse au trésor qui s'avère souvent payante.

Notre article "livre" comporte nombre de références sur le sujet. Mais il semble bien que la messe sera bientôt dite, le livre ne gardant que des niches de plus en plus restreintes. Dans son roman (papier), Super triste histoire d'amour, Gary Shteyngart voit le livre devenu totalement marginal, "puant" pour les gens ordinaires.
Sur les problèmes généraux de l'édition, la revue Esprit (juin 2003) a consacré un dossier au Malaise dans l'édition. A cette époque, les nouveaux médias ne sont évoqués que par un sous-titre en couverture "Le livre à l'heure des groupes multimédias".

Le problème est encore plus crucial pour les revues scientifiques. Les mathématiciens partent en guerre contre le système de l'édition papier et lancent un boycott d'Elsevier Harvard prévoit de se désabonner en masse des revues scientifiques. Le mouvement fait boule de neige et les appels à un système ouvert se multiplient. Voir http://www.acrimed.org/article3822.html  (Informations signalées par Pierre Hénon).

Quant à la presse en général, quotidiens en particulier, l'iPad est très convaicant. Personnellement, nous sommes abonnés à deux quotidiens et plusieurs hebdos, et nous en achetons d'autres en librairie. Et ce n'est pas sans culpabiliser que nous mettons sur le trottoir le grand containe "recyclables" plein de papier !

Le papier contre-attaque

Cependant, nombre de signes plaident en sens inverse :

Barnes Noble CEO William Lynch, directeur général de Barnes & Noble, a présenté sa tablette Nook en novembre 2011. Un grand libraire investit dans le livre électronique ! (Selon Nookvskindle.)

- Les sites web sont des aides puissantes à la vente des livres. Pour les livres récents et plus encore pour les livres anciens et épuisés. Etant donné le nombre des titres et la dispersion de leurs détenteurs, le bouquiniste en boutique ne peut que très partiellement réponde aux besoins. D'où la généralisation des sites web, remplaçant les classiques catalogues périodiques des grands libraire d'ancien. Dans ce cas, les frais de port peuvent dépasser de loin le prix de l'ouvrage, surtout si l'acheteur est pressé. Nous avons pu récemment acquérir un exemplaire de "Robots and Changelings", série de nouvelles américaines des années 1950, disparues des rayons des librairies depuis un demi-siècle. Nous n'avions pu le relire qu'en passant dans une bibilothèque municipale à Dallas. Et encore, le bibliothécaire, méfiant à l'égard de cette demande bizarre, avait exigé une pièce d'identité pour nous le confier en consultation.

- De même, les sites web aident à vendre les revues papier, par exemple celui de Sciences Humaines n'est qu'un site de vente des éditions papier. Du moins permet-il, à travers Google par exemple, de savoir que ces articles existent. On peut faire des remarques analogues pour le livre.

- Plus convaincant encore, quelques entrepreneurs, et non des moindres, jouent encore la carte du papier :
. Un libraire entreprenants comme Guillaume Decitre, à Lyon, s'inspire de la châine Barnes & Noble de New York pour combiner papier électronique sur une grande surface de 1000 mètres carrés. (Le fait est signalé par Alain Beuve-Méry dans Le Monde du 5/4/2012).
. Chris Hughes, un des fondateurs de Facebook, vient de racheter le magazine papier The New Republic (Le Magazine du Monde, 31/3/2012).

- Enfin, depuis 2005 environ, de plus en plus de sites proposent des impressions de journaux ou de livres à partir de documents électroniques. "Devenez éditeur de presse", propose par esemple Olivier Zilbertin (Le Monde 8-9 avril 2012), citant notamment Madmagz . Son article est suivi d'une note sur les tablettes et la diversité de leurs contenus. Un artiste comme Hugo Verlinde fait imprimer à la demande, pour un prix modeste, un ouvrage de 38 pages sur papier couché tout en couleurs de qualité.
- Paru en mars 2012, l'ouvrage Photographes, publiez votre livre photo ! par Darius D. Himes et Marie Virginia Swanson. Eyrolles 2012. (original américain 2011).

- D'un entretien avec un bouquiniste (près du 104 à Paris) : "On peut gagner sa vie en vendant les livre sur Internet. Mais cela veut dire qu'on passe des heures tous les jours seul avec son écran. Et moi, ce qui m'intéresse, c'est le contact avec le client, la conversation".
- Le "quick book" est une réponse du papier : des ouvrages, liés à un événément (politique notamment) et réalisés en quelques jours. Voir par exemple Le Figaro, flash-eco du 7 mai 2012. Ou un article du Monde (14/5/2012) signalant la parution de six quick books : "Ces titres, imprimés rapidement, sont des esquisses des derniers jours du président battu ou des ébauches de portraits du député de Corrèze en chef de l'Etat".

La bibliothèque dAlexandrie, symbole de la fragilité du papier, du parchemin et du papyrus, symbole de la fragilité des supports matériels. (Reconstituion sur le site de Clio la Muse.

Vers une inversion des rôles, un "platonisme digital" ?

Permettons-nous une once de philosophie. Ne sommes-nous pas en train de voir une transposition de la caverne platonicienne. Pour Platon, ce que nous voyons, et a fortiori les oeuvres d'art matérielle, ne sont que l'ombre de réalités qui ont une existence immatérielle dans l'autre monde. Puis le Web est apparu comme une image, plus imparfaite (numérisation, pixelisation) encore des oeuvres d'art, les écrits d'abord, les images ensuite. De plue en plus, les oeuvres originales naissent sur le web, et les oeuvres matérielles (livres, photographies sur papier, sculptures en impression 3D) ne viennent qu'ensuite. Elles ne sont qu'une sorte d'incarnation du monde numérique, rendue nécessaire par la disposiion de nos sens sinon l'organisation de nos marchés. Le numérique était hier image virtuelle du monde réel... mais devient aujourd'hui le monde réel.

Le numérique bénéficie en effet sur les oeuvres matérielles d'avantages substantiels : copie pratiquement sans erreur, transmission pratiquement instantanée, coûts très bas. Il en découle une nouvelle forme de pérennité, basée sur les copies multiples. Au moment de l'incendie du Crédit Lyonnais en mai 1996, aucune donnée informatisée n'a été perdue. Quant au 11 septembre à New-York, un informaticien d'une grand banque française nous confiait presque avec gène : "Nous avons perdu 150 collaborateurs dans l'attentat, mais pas de données". Quant à nous, certains de nos fichiers remontent au début des années 1990, et sont toujours lisibles malgré d'innombrables recopies d'un ordinateur à l'autre et d'un logiciel à l'autre pendant vingt ans.

Ici, comme pour l'acheiropoièse des images, chère à Stéphane Trois-Carrés, la matérialité légère du digital a pris la place du monde surnaturel d'autrefois. Editeurs et libraires entrent peu à peu dans cette mutation qui laissera certainement une place, mais laquelle, aux supports matériels et au papier en particulier. .

 

 

Pure Data à Dakar

Bravo, les Sénégalais

Diccan a beau n'être pas politique, comment ne pas se réjouir d'une telle victoire de la démocratie. Illustrons-là avec cette image d'un séminaire Pure Data tenu à Dakar en 2011, animé par Cyrille Henry.

Poésie, reviendras-tu ?

Au hasard des bouquinistes, nous sommes tombés sur La mêlée symboliste, d'Ernest Raynau. Trois petits volumes parus successivment en 1918, 1920, 1922 (éditeur : La Renaissance du Livre... on rêve). Ils montrent la vivacit et l''importance de la poésie au tournant des deux derniers siècles. Et, par contraste, son étourdissant silence dans le monde d'aujourd'hui, a fortiori dans le monde des arts numériques. On en trouvera confirmation dans la substantielle synthèse de Philippe Bootz et dans le chapitre que nous y consacrons dans notre livre L'art génératif.

Ce n'est pas un problème technique, et les prouesses de Jean-Pierre Balpe l'ont bien prouvé. C'est une perte de contact avec le réel, avec le public. Les seuls poètes aujourd'hui sont les chanteurs ! Piaf, Brasssens, Brel, Renaud... mais ceux-là commencent à ne plus être des contemporains. Alors, les rappeurs ?

Toutes les couleurs RGB, et une seule fois chacune.

La poésie suit un peu le même parcours que la musique : à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe, elle a voulu dépasser les cadres traditionnels, et sans doute un peu usés, de leurs règles de base : musique tonale, poésie rimée et soumise à une forte métrique. Avec d'intéressants résultats intellectuels, mais une large coupure avec le bon peuple. Et c'est sans doute ce même bon peuple, "les crocheteurs du Port-au-foin" chers à Malherbe, qui peuvent redonner vie à la poésie comme à la musique. Et les taggeurs pour les arts graphiques ?

En tous cas, du point de vue technique, de nouvelles idées ces derniers temps, par exemple le site Rita, que nous signale Alain Lioret. Espérons un nouveau printemps, c'est la saison !

Jeux programmatiques : toutes les couleurs !

Xavie Gouchet signale aux algoristes le site allrgb.com equi part d'une idée assez sympathique : creer une image dans laquelle se trouve toutes les couleurs possibles. Chaque combinaison RGB avec 256 valeurs possible par canal (256 x 256 x 256 = 16777216 au total) doit se retrouver une et une seule fois dans l'image. Et bien évidemment, l'image doit être un minimum intéressante.

Michel-Ange, Rubens, ou pire ?

 

Hentschläger : prometteur mais inquiétant

(Version révisée le 7/4/2012)

L'image fournie avec le Le communiqué. de Kurt Hentschläger annonçant sa prochaine exposition nous a fait pousser un cri de plaisir. L'impression de trouver enfin la réponse à une question lancinante : comment faire sortir l'art algorithmique, génératif ou pas, d'une abstraction minimaliste qui a ses charmes mais finit par lasser. Selon les termes du communiqué : "L'installation est conçue comme un ensemble de cinq fenêtres ouvertes sur un monde en apesanteur peuplé par des groupes d'humanoïdes.  Ces êtres, des clones (ils sont tous identiques) interagissent, instinctivement la plupart du temps, comme un banc de poissons ou une volée d'oiseaux, ou parfois, d'une façon plus organisée."

Il faut dire que ces "humanoïdes" sont bien loin des "beings" d'Alain Lioret comme des danseuses de Michel Bret, a fortiori des noirs insectes que montraient Sommerer et Mignonneau à Karlsruhe. Hommes ou femmes... difficile à dire. Asexués, puisqu'ils sont tous identiques. Mais, en tous cas, sensuels dans leurs formes comme dans leurs mouvements.

Rubens , Le jugement de Paris. L'art numérique ira-t-il jusque là ? C'est dire encore plus loin, puisqu'il peut y ajouter le mouvement et l'évolution générative.

Cette exubérance sensuelle autant qu'algorithmique est, on peut l'espérer, une des grandes voies d'avenir de l'art numérique, dans une zone étrange et encore peu explorée ou le figuratif rejoint l'abstrait. Mais cette évolution ne serait-elle qu'une solution de facilité, un style Louis XV de l'art numérique... ou, pire, un nouvel art pompier ? Hentscläger expose depuis 1983. Il a d'abord exposé des objets mécaniques des films et animations grahiques et sonores. De nos jours, un artiste qui expose depuis trente ans a encore un grand avenir devant lui (on le voit bien avec la créativité toujours renouvelée d'un Fred Forest). De même que la médecine prolonge la vie, nouvelles technologies ouvrent de nouvelles avenues aux créateurs. Ce que nous apprécions ici, c'est la montée en "substance", l'apparition de "beings" (comme dirait Alain Lioret) construits sur des modèles de plus en plus complexes. Pour Hentschlager, l'immersion est une manière d'exprimer le sublime de la condition humaine. Il travaille actuellement sur la perception humaine et la conscience collective.

Mais il inquiète, car il va très loin, comme le révèle la substantielle interview qu'il a accordée à Andrew Goldstein pour Motherboard : Kurt Hentschlager's Hallucinatory, Freakout-Inducing, Torture-Curious ZEE (traduisons librement : ZEE, une "oeuvre hallucinatoire, sidérante, aux frontières de la torture"). Il pousse aux limites l'usage de la stoboscopie, connue comme dangereuse, en tous cas pour un certain nombre de personnes sensibles. On peut aller jusqu'à l'évanouissement (seizure).

JacJames Powderly en "position banane", illustration publiée par Libération et extraite de la compilation Torture Classics qu'il a publié avec le duo d’hacktivistes viennois Ubermorgen.

Et il assume "Nous avons eu quelque 8000 visiteurs, et je pense qu'il y a eu quatre syncopes" (seizures). Il ne nie pas que ces techniques ont été utilisées comme des formes de torture dans les prisons allemandes (années 1970, affaire Baader-Meinhof), au KGB voire à Guantanamo. Voir l'article Torture à pleins tubes signé par Marie Lechner dans Libération du 31 août 2010, avec la mention... art numérique ! Il justifie cette prise de risque comme nécessaire à l'intensité de l'expérience sensorielle, du sublime. Il se réfère au romantisme, qu'il définit par le fait que l'émotion y précède l'analyse rationnelle. "J'aime avoir des expériences intenses, que des choses me saisissent physiquement et par l'émotion, ne se traduisant qu'ensuite par un événément cérébral". Il pourrait ajouter que les spectateurs sont des "adultes consentants".

D'autres expériences artistiques, ou considérées comme telles, prennent bien des risques. Les installations de James Turrell sont elles aussi très "violentes". Le logiciel Tierra, de Thomas Ray, par exemple, pour passionnant qu'il soit et inspirateur de l'art génératif, montre à quel point les chercheurs d' "émergence" ont des allures d'apprentis-sorciers. Traduisons [Johnston] (p.217) : "... Ray fut très surpris des résultats du premier passage d'essai de Tierra... il supposait qu'il lui faudrait encore beaucoup de travail pour lancer un véritable processus évolutionnaire... mais il n'eut jamais à en écrire un nouveau germe". De tels systèmes ont été au départ développés en laboratoire, donc dans des environnements relativements protégés. Mais il commence à y en avoir des versions "cloud". La machine IBM Watson aussi, forme la plus avancée à ce jour de l'intelligence artificielle, pourrait se déployer dans tout cet espace (voir entre autres un article de l' ICT Journal ). On développe par ailleurs des "immune systems" (Wikipedia) tellement bien protégés contre les agressions qu'ils pourraient échapper même à leurs développeurs.

Que les raisons soient médicales, militaires, criminelles ou relèvent de la simple aliénation, des centaines de milliers de chercheurs travaillent aujourd'hui à développer de bien dangereuses merveilles. Dans notre siècle hyperconnecté, leurs effets pourraient se propager presque instantanément de Boston à Dubai et de Tokyo à Ouagadougou.

Les projets des artistes numériques couvrent tout le spectre des possibles. Les uns restent en dehors de la mêlée : pour eux, l'ordinateur n'est qu'un outil ; il est donc neutre et en dehors de leurs engagements. Les autres jouent de la dérision. Les activistes des "tactical media" prennent les technologies à leur jeu pour contrer les abus des entreprises et surtout des Etats. Les artistes "génératifs" en jouent positivement, mais en général ne dépassent pas le cadre d'univers suffisamment limités pour apaiser les inquiétudes. Hentschlager est à la fois le plus prometteur artistiquement et le plus dangereux humainement. Est-il permis de le laisse poursuivre dans cette voie ? Mais au nom de quels principes et de quelles législations censurer ou du moins encadrer ses projets ?

L'Opecst (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques) s'intéressera peut-être un jour aux arts numériques..

 

Stelarc : une grande photo très explicite dans Contemporain(s).

Du numérique dans l'art contemporain !

Exceptionnel : un artiste numérique dans une revue d'art : Maurice Benayoun est annoncé à la Une de Contemporain(s) de janvier-février-mars 2012.

L'éditorial conclut "De plus en plus vite, le numérique prend le dessus. Il ne serait pas étonnant de voir demain uniquement des oeuvres d'art numériques en pourquoi pas en 3D ?". Nous n'en demandons pas tant, mais l'espoir fait vivre.

Les amis de Maurice n'en apprendront pas énormément sur son art, mais Yannnick Le Guillanton a illustré son propos de quelques jolies photos et conclut sur des contrastes: "Maurice Benayoun est un touche-à-tout. Même si l'ordinateur est ne petite boite dans laquelle s'est déroulée une grande révolution, pour lui "L'art dans le numérique c'est ce qui reste quand on a coupé le courant". Indépendamment des évolutions technologiques, l'oeuvre demeure de l'ordre de l'émotion, de l'expérience, du souvenir pour qui sait la saisir, la pratiquer et en extraire la substantifique moelle.

Le même journaliste interviewe longuement Dominique Roland, animateur des Bains Numériques d'Enghien. Il titre en clin d'oeil : "Création numérique. Quand l'eau et l'électricité font bon ménage". Un peu de tout et de grandes photos de Stelarc. Conclusion : " Il faut dépasser les industries, les produits, les pensées formatées. Il faut aussi constituer une mémoire, une histoire sur la création des projets numériques, définir comment ils sont constitués techniquemnet, artistiquement, afin de les aider à être le mieux documentés possible pour l'avenir". Ce n'est pas Diccan qui dira le contraire !

Le reste du numéro est assez disparate, la couverture est consacrée à Gauguin et Van Gogh, qu'on peut aujourd'hui difficilement appeler "contemporains", et a fortiori les peintures de Pompéi... mais l'article se fait pardonner en titrant "Impressions contemporaines". Bref, un peu de tout, mais un regard neuf. Contemporain, donc !

 

Précédentes analyses et critiques

Jacques Perconte à la galerie Charlot

Transhumanisme, un tabou levé.

Arthur au Futuroscope : encore primé. Voir Besson

Art Karlsruhe : les artistes français seuls présents dans le digital

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